Pour évaluer au plus juste, et apprécier la valeur d’un fonds de commerce dont l’activité principale est l’optique, il est impératif de connaître les principaux éléments sectoriels.
Le secteur du commerce de l’optique
Selon l’INSEE, le secteur du commerce d’optique en magasin spécialisé dépend de la sous-classe 47.78 A, ce qui correspond au commerce de détail d’optique.
L’opticien-lunetier est un professionnel qui réalise, adapte et vend des articles destinés à corriger les défauts ou déficiences de la vue sur prescription médicale et qui conseille les utilisateurs. L’opticien-lunetier à le monopole de vente des verres correcteurs d’amétropie et des lentilles de contact oculaire correctrices. Les instruments d’optique peuvent, quant à eux, être vendus par tout commerçant.
Le caractère commercial de ce métier est important. L’Opticien-lunetier est chargé, entre autres, du contact avec la clientèle, de la gestion des stocks, de la définition de l’équipement adéquat et du management des salariés.
Analyse économique
La consommation des ménages
Après une forte baisse enregistrée en 2020 liée à la crise sanitaire, le marché de l’optique a rebondi en 2021 :
En hausse de 8 %, il a dépassé la barre des 7 milliards d’euros ;
Cette reprise masque néanmoins de fortes disparités selon les emplacements des magasins ;
En effet, les restrictions sanitaires du premier semestre 2021 ont lourdement pénalisé les commerces implantés dans les centres commerciaux. La fermeture des centres commerciaux de plus de 20 000 m² fin janvier puis ceux de plus de 10 000 m² début mars a notamment affecté l’activité des chaînes spécialisées ;
La reprise progressive de l’activité économique et l’amélioration de la situation sanitaire ont toutefois stimulé la demande adressée aux opticiens sur le reste de l’année ;
La profession a également profité de l’attractivité du « 100 % Santé, qui permet aux clients de se tourner vers des équipements d’optique médicale entièrement remboursés ;
En revanche, le solaire a encore pâti de la faible fréquentation touristique.
Les acteurs du secteur du commerce de détail d’optique
Le parc de magasins d’optique s’est sensiblement étoffé sur moyenne période :
Le secteur comptait, en effet, 12 226 établissements d’au moins un salarié en 2020, soit 8 % de plus qu’en 2015 ;
La dynamique de croissance a toutefois nettement ralenti par rapport à celle observée sur la période 2010-2013, au cours de laquelle le parc de magasins avait progressé de plus de 10 % (soit plus d’un millier de points de vente supplémentaires) ;
Ce ralentissement s’explique en grande partie par la mise en place, à partir de 2014, de mesures encadrant le remboursement des équipements optiques par les organismes complémentaires, renforçant in fine les pressions tarifaires ;
Dans le sillage d’une densification du maillage territorial, les effectifs ont progressé de 7,6 % en cinq ans, pour atteindre 41 010 salariés en 2020.
La distribution d’optique est dominée par deux groupes d’opérateurs :
- Les grands groupes d’optique à réseaux d’enseignes (plus de 500 points de vente) : 7 groupes leader captent plus de 70% du marché en valeur
- Les grandes centrales d’achat : elles occupent une position clé sur les marchés en ciblant en priorité les opticiens indépendants.
Les leaders sont en compétions avec quatre grandes catégories de challengers :
- Les petits réseaux d’enseignes
- Les enseignes de la grande distribution
- Les enseignes de pharmaciens
- Les modèles d’enseigne atypiques (low cost, e-commerce, …)
Les perspectives d’avenir du secteur du commerce de détail d’optique
Les indépendants (49 % des magasins d’optique en 2019, soit près de 6 000 points de vente) ont aujourd’hui de plus en plus de mal à résister à la concurrence en raison d’un déficit de notoriété et de conditions d’approvisionnement moins favorables que celles des opticiens sous enseigne. Leur part de marché s’est dégradée ces dernières années, tombant à 28 % en 2019, soit environ 2 points de moins par rapport à 2007.
Le rebond du marché du marché de l’optique sur la deuxième partie de l’année 2020 a apporté des indices rassurants sur la capacité de résistance du secteur. Hors décisions de fermeture sèches, il apparaît même à certains égards aujourd’hui mieux armés face à des perspectives de prolongement d’un environnement détérioré par la pandémie.
La demande restera soutenue par des fondamentaux solides (vieillissement de la population, hausse de la prévalence des déficiences visuelles). Dans les arbitrages de consommation des ménages, l’optique conservera une place de choix, relevant de l’achat nécessaire rattaché aux besoins de santé. Qui plus est, l’amplification de l’utilisation des écrans va faire apparaître de nouveaux besoins d’équipement ;
La diffusion des usages en ligne aura des impacts limités en termes de pressions tarifaires. L’appétence des consommateurs pour l’achat en ligne strict demeure marginale et s’inscrit même en recul depuis le début de la pandémie ;
Le numérique s’inscrit dans de nouveaux parcours clients qui font du web un point d’entrée vers les magasins via la prise de rendez-vous en ligne notamment ;
Dernier moteur de croissance consolidé depuis la crise, les prestations hors les murs permettront de contourner les freins à la mobilité des clientèles et plus généralement de mieux adresser certains publics : les personnes âgées et dépendantes, les salariés (actions de prévention sur site), mais aussi dans une certaine mesure les publics urbains ;
Structure financière
Afin d’apprécier le fonds d’une boutique d’optique, il est indispensable de pouvoir et d’avoir analyser les bilans et comptes de résultat des trois dernières années.
Les chiffres clés
Selon la fédération des centres de gestion agréée, en 2020 le chiffre d’affaires moyen d’une entreprise exploitée en individuel est de 315 445 Euros HT. Les soldes moyens sont de 64,3 % de Marge brute, et de 21,2 % d’EBE, avec un résultat net de 16,5 %.
Les performances économiques et financières des entreprises individuelles du secteur de la distribution d’optique se sont dégradées en 2020. Malgré la crise sanitaire et les mesures de restrictions, les opticiens sont toutefois parvenus à limiter la baisse de leur résultat courant (-1,2 % sur un an), grâce aux mesures de sauvegarde mises en place par l’État. Les mesures de chômage partiel ont notamment permis d’abaisser de près de 9 % les charges de personnel.
Les critères impactant la valorisation du fonds de commerce
Dans le secteur du commerce de détail d’optique les principaux critères impactant la valorisation sont :
- L’emplacement ou zone de chalandise
- La concurrence
- L’accueil, le service et la qualité commerciale, la pérennisation du personnel
- L’agencement du magasin
- Le type de produits proposés et leur adéquation avec la clientèle
- La politique tarifaire
- La fidélisation de la clientèle.
Méthode de valorisation
La méthode de valorisation la plus utilisée dans ce secteur est celle qui est basée sur le chiffre d’affaires.
L’évaluation des fonds d’optique lunetterie repose essentiellement sur le chiffre d’affaires (TTC). Compte tenu de la rentabilité généralement dégagée par cette activité, une valorisation hors stock sur la base de 50 à 130 % du chiffre d’affaires TTC annuel n’est pas rare (Mémento Transmission d’Entreprise 2015/2016).
Selon des sources plus récentes (Evaluation de fonds commerce.fr)le ratio moyen de CA HT serait de 51,79%.
D’autres outils à la disposition des experts permettent d’avoir des fourchettes plus précises (situation, taille de l’entreprise …), ainsi que les coefficients d’EBE.
Il est également important de valider la cohérence du taux de marge commerciale et le niveau de la masse salariale.
En tout état de cause, la valorisation d’un fonds d’optique lunetterie doit prendre en compte, outre les critères financiers de rentabilité et de cash-flow, des indices qualitatifs tenant à l’emplacement et à la qualité du personnel.
Bien entendu il convient de corrigé le résultat obtenu en fonction des forces et faiblesses du fonds de commerce valorisé.
