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Les petits potins de l’immobilier -2025 Semaine 01

Le potin de la semaine

Avis de valeur ou expertise immobilière : il faut savoir choisir la bonne carte !

Bienvenue dans le monde de l’immobilier ! Un univers captivant où l’on navigue entre des termes mystérieux, parfois confondus, souvent mal interprétés. Aujourd’hui, faisons une pause pour éclaircir un duo de documents souvent amalgamés dans un joyeux flou lexical : l’avis de valeur et l’expertise immobilière. Ces deux cousins de papier partagent quelques airs de famille, mais leurs ambitions et leurs objectifs diffèrent profondément. Prenons un instant pour les distinguer, avec une touche d’humour et une pincée de sérieux.

L’avis de valeur : un éclairage rapide sur le marché

L’avis de valeur est, comme son nom l’indique, une estimation succincte de la valeur d’un bien immobilier. Cet exercice est souvent réalisé par un agent immobilier, en fonction de son expérience du marché local, de son flair et d’une analyse rapide des biens comparables récents.

Il est utile pour :
• Obtenir une idée du prix auquel on pourrait vendre un bien ;
• Affiner une stratégie commerciale ;
• Se positionner sur le marché sans engagement lourd.

Toutefois, et c’est là que certains agents se distinguent, ils prennent soin de préciser que « cette indication de prix ne peut en aucun cas être assimilée à une expertise ». Une nuance essentielle : un avis de valeur, aussi pertinent soit-il, n’a aucune valeur juridique. C’est une estimation commerciale, tout simplement.

L’expertise immobilière : un rapport à forte valeur ajoutée

L’expertise immobilière, elle, est une tout autre affaire. Rédigée par un expert immobilier, ce document repose sur une analyse approfondie, une méthodologie rigoureuse et une prise en compte de nombreux paramètres :

• Analyse juridique et urbanistique du bien ;
• Références marchées ;
• Étude des caractéristiques techniques et économiques du bien.

Il s’agit d’un rapport engageant la responsabilité de l’expert, et utilisable dans des contextes sensibles, comme :

• Partage ou liquidation communautaire ;
• Donation ou succession ;
• Déclaration à l’IFI ;
• Garantie hypothécaire ;
• Contentieux ou litiges judiciaires.

Bref, l’expertise est l’outil juridique et technique par excellence. Son élaboration demande une formation spécifique et la mobilisation de toutes les données utiles pour éclairer une décision.

Une cohabitation indispensable

Il ne s’agit pas ici de dresser l’avis de valeur et l’expertise immobilière l’un contre l’autre, mais de reconnaître leur complémentarité et leur rôle distinct.
L’avis de valeur est parfait pour une estimation commerciale rapide, pratique et opérationnelle. L’expertise, quant à elle, prend le relais lorsque des bases solides, incontestables et juridiquement recevables sont nécessaires.

Chapeau bas aux agents immobiliers qui prennent le temps d’expliquer ces différences à leurs clients avec transparence. Leur professionnalisme ne fait que renforcer la confiance dans ce secteur.

Et pour ceux qui hésiteraient encore : gardez à l’esprit qu’une expertise immobilière dépasse largement un simple avis éclairé. C’est un engagement appuyé par des faits, des analyses et des compétences solides.

Expropriation : et si la partie n’était pas (totalement) jouée ?

Vous voilà confronté à la nouvelle tant redoutée : votre terrain, vos murs, votre bien immobilier sont sur le point d’être expropriés pour cause d’utilité publique. Une autoroute, un projet urbain, ou encore une zone commerciale dernier cri se profilent à l’horizon… Et vous, dans tout ça ? Pas de panique, la loi ne vous laisse pas démuni. Elle a prévu des recours et des compensations pour les expropriés, mais encore faut-il bien maîtriser vos droits. Plongeons dans le vif du sujet, guidés par les articles L. 223-2 et R. 223-1 à R. 223-8 du Code de l’expropriation pour cause d’utilité publique.

La loi prévoit que si le juge administratif annule la déclaration d’utilité publique ou l’arrêté de cessibilité, tout exproprié peut faire constater par le juge que l’ordonnance de transfert de propriété perd son fondement légal. Dit autrement : si la base juridique disparaît, l’expropriation peut s’effondrer comme un château de cartes.
Le maître mot ici, c’est recours effectif. Car oui, même si tout semble acté, la loi vous offre un outil pour renverser la vapeur.

Comment faire valoir vos droits ?

Étape 1 : Une victoire administrative en poche
Tout commence par une décision favorable du juge administratif. Annulation de la déclaration d’utilité publique ou de l’arrêté de cessibilité : vous avez désormais une opportunité à saisir.

Étape 2 : Saisir le juge de l’expropriation
Avec la décision administrative en main, vous avez deux mois pour agir. Le juge de l’expropriation est votre interlocuteur clé, et voici ce qu’il faut savoir :
• Notification obligatoire : L’expropriant doit vous avertir de votre droit de contester, par lettre recommandée ou signification. La mention des pièces à fournir doit y figurer, conformément à l’article R. 223-1.
• Une procédure bien huilée : Une fois saisi, le juge peut constater l’absence de base légale et annuler l’ordonnance d’expropriation.


Autrefois, il était possible de saisir la Cour de cassation en attendant l’annulation définitive de la déclaration d’utilité publique. Ce détour a désormais vécu : la Cour de cassation, dans un arrêt du 17 janvier 2025, a tranché. L’annulation d’une déclaration d’utilité publique ou d’un arrêté de cessibilité n’entraîne plus la cassation automatique de l’ordonnance d’expropriation.
Pourquoi ce changement ? Parce que la procédure prévue par les articles L. 223-2 et R. 223-1 à R. 223-8 garantit pleinement les droits des expropriés tout en rendant le processus d’expropriation plus fluide.

En pratique, qui y gagne ?

• Les expropriés : Vous conservez un recours solide pour faire valoir vos droits. Le juge de l’expropriation est compétent pour statuer sur toutes les conséquences, y compris indemnitaires.
• L’administration et les expropriants : La simplification des recours limite les blocages et permet aux projets d’avancer sans être empêtrés dans des procédures à rallonge.

Ce qu’il faut retenir

La loi vous donne des moyens de contester une expropriation si celle-ci perd sa base légale. Mais attention, les délais sont courts, et chaque étape doit être scrupuleusement respectée. Si vous êtes concerné, faites-vous accompagner : le jeu peut en valoir la chandelle. Après tout, l’expropriation est une affaire sérieuse, mais la loi veille à ce que les dés ne soient pas pipés.

Chemin d’exploitation ou propriété privée : quand un chemin fait débat

Ah, les chemins de campagne… Ces charmantes petites voies qui serpentent entre les parcelles, indispensables pour les riverains, mais aussi champions des disputes de voisinage ! Peut-on vraiment en être propriétaire tout en permettant aux autres de les emprunter librement ? La réponse, comme souvent en droit, n’est pas si simple. Elle se cache dans les subtilités de l’article L. 162-1 du Code rural et de la pêche maritime. Et la Cour de cassation, dans une décision du 6 juin 2023, nous éclaire sur ce point précis.

Propriété et usage : un équilibre subtil

Petit rappel juridique : les chemins d’exploitation sont ceux qui servent exclusivement à la communication entre plusieurs parcelles ou à leur exploitation. En l’absence de titre clair, ils sont présumés appartenir aux propriétaires riverains, chacun en proportion des limites de sa propriété. Mais – et c’est là que tout devient intéressant – leur usage reste commun à tous les riverains intéressés, indépendamment de la propriété du sol.
Les faits : un chemin qui attise les tensions
Dans cette affaire, un certain M. [G], propriétaire d’une parcelle voisine d’un chemin situé sur la parcelle d’un autre propriétaire, M. [B], a installé des réseaux d’eau et d’électricité pour alimenter son fonds mais ont été effectués sans autorisation. Mais voilà que M. [B] entreprend des travaux de goudronnage et modifie la pente du chemin, rendant l’accès en voiture difficile. Pire, il sectionne une partie des installations de M. [G].
Furieux, M. [G] décide d’assigner M. [B] pour obtenir une remise en état du chemin et une indemnisation de ses préjudices. Le hic ? M. [B] soutient que ce chemin est privé et qu’il peut en faire ce qu’il veut.

Le débat : chemin d’exploitation ou chemin privatif ?

La cour d’appel de Grenoble avait tranché : le chemin, selon un état descriptif de division de 1980, dépend de la parcelle cadastrée de M. [B] et bénéficie d’une servitude de passage en faveur de la parcelle voisine. Pour elle, cette propriété « privative » exclut la qualification de chemin d’exploitation.
Erreur, répond la Cour de cassation. Propriété ou pas, le droit de propriété sur le sol n’empêche pas un chemin d’être qualifié de chemin d’exploitation si son usage est partagé entre les riverains pour accéder à leurs parcelles.

Pourquoi c’est important ?

Cette décision rappelle un principe fondamental : la qualification d’un chemin d’exploitation ne dépend pas de la propriété du sol, mais de son usage.
Autrement dit :

• Propriétaire du sol ? Très bien.
• Exclusivité d’usage ? Pas forcément. Les autres riverains peuvent continuer à utiliser le chemin, car c’est sa fonction qui prime sur le titre de propriété.

Et maintenant ?

La Cour de cassation a donc cassé la décision de la cour d’appel sur la qualification du chemin, renvoyant l’affaire à une autre composition pour trancher à nouveau. En revanche, elle maintient les conclusions concernant les travaux de branchement et de raccordement engagés par M. [G] jugés non autorisés et de rejeter les demandes de M. [G] de dommages-intérêts et de remise en état du chemin.

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